X + y

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L'Inconnu. Le Mystère

LE SECRET (X + Y)

(X + Y). — II faut parfaire l'équation totale du monde. A ia représentation des éléments objectifs con- nus et des facteurs personnels normaux du moi, à celte des créations humaines et de leur expression, il reste à ajouter. C'est tout ce qui existe réellement, mais est in- connu à l'homme quoique connaissable par lui. (Par ex. les microbes avant Pasteur et le microscope). C'est tout le mystère dont il est entouré et posé a priori inconnais- sable. Représentons le réel par X dans l'équation. Et représentons par Y l'ensemble des assertions et des croyances énoncées dont n'est point faite la démonstra- tion, mais par lesquelles l'esprit répond aux questions qu'il se pose parce qu'il ne pourrait vivre dans le vide ou l'indétermination. Sont comprises ici toutes les croyances populaires (folklore) qui constituent en quelque sorte un dédoublement de la science par les connaissances primi- tives. Ces croyances et ces conceptions, tout inadé- quates soient-elles, constituent cependant des réalités idéologiques dont il est impossible de ne point tenir compte. La présence des deux H inconnues » X et Y dans une équation demeurée une accentuera le caractère que pour l'esprit de l'homme, le problème du monde, tel qu'il est posé devant lui, n'est pas susceptible d'une solution parfaite. Le X + Y peut être tenu en quelque sorte pour le lieu géométrique de nos ignorances (connaissances à acquérir), de nos jouissances (sensibilité), de nos espé- rances (activité). Ce qui doit être ajouté aux données relatives pour le parfaire en absolu.

POINTS A CONSIDERER.

11 est impossible ici de systématiser. II faut se borner a une simple enumération de points. i et mystères commu: . l'humanité entière : La vie, la mort, Tau delà, la souffrance, le bonheur, ]a santé, l'amour, la connaissance, la justice, la beauté, la Nature, Dieu. L'inconnu et le mystère existent. Il y a plus de choses sous les cieux que ne pense le vulgaire philosophe. (Shakespeare.) — Voici le théâtre du monde: un grand rideau cache la scène. Perforons d'une épingle le rideau; reportons-nous dix mètres en arrière: regardons. Ce que nous verrons sera à peu près dans la proportion de ce que nous connaissons du monde. (Richct.l L'abbé Cassendi s'écriait: Je suis né sans savoir pour- quoi, j'ai vécu sans savoir comment, et je meurs sans savoir ni comment ni pourquoi. W. James a tenté cette comparaison: 11 est i possible que nous soyons dans l'univers comme sont, dans nos bibliothèques, les chiens et les chats qui voient nos li- idée de ce que tout cela signifie.

Secret. — Pour le secret, il faut distinguer: a) le fait privé: secret professionnel de l'avocat, du médecin, du prêtre; b) le fait public: sociétés secrètes (Franc-maçon- nerie); actions secrètes de grandes sociétés publiques (les Jésuites dans l'Eglise); actions secrètes de l'Etat (secrets d'Etat, diplomatie secrète, espionnage, 2 f Bu- reau. Intelligence service); c) secret de» sciences ou doctrines (occultisme, doctrine secrète).

Hasard. — Le hasard est à ranger avec la probabilité. Il y a hasard quand les facteurs en présence ne sont liés par aucun lien de nécessité ou que ces facteurs sont si nombreux et intriqués qu'il n'est pas possible de s'en rendre compte

Incertitude du savoir, — Voilà Einstein lui-même de- clarant difficile d'attacher une signification quelconque à l'expression B Vérité scientifique », (Le monde tel que je le vois). Les conclusions des physiciens (Einstein, Reichen- bach) venant après celles des psychologues et des méta- physiciens (Kant) sont en partie désolantes: I'impossibilité pour l'homme de percevoir la réalité avec ses sens. Seules des probabilités lui sont accessibles (légi- timité des formules ou lois). D'autre part, il ne paraît pas y avoir de lien nécessaire causal entre les éléments Ils jouissent d'une certaine liberté. La conception du mouvement brownien a été généralisée à l'univers. 11 est des corpuscules de l'ordre du trois millionièmes et il y aurait à tenir compte de leur auto-détermination, mais 1 optimisme reste autorise si 1 on considère d une part, qu'il y a des probabilités basées sur le compartiment des grandes masses, d'autre part que les déficiences et déformation de nos sens sont compensables par des instruments constitués et construits de plus en plus nombreux, puissants, perfectionnés. Si, analogiquement la Téalité se comporte en eux comme en nous, il y a probabilité de concordance entre le moi et le non moi. Et ces instruments peuvent être disposés en élévation de telle manière que 1 instrument enregistreur jouisse d'une autonomie par rapport à l'observation et que mal- gré la relativité de leur lecture par l'homme, ils réalisent quelque chose qui échappe à son subjectivisme.

Confusion dans le savoir. — Finalement que savons- nous, que croyons-nous, que voulons-nous ? Tant de travaux écrits, tant de groupes, tant de systèmes, tant de croyance.

Intérêt du fond des choses. — Au demeurant le fond des choses est-il intéressant en lui-même? A-t-il une si- gnification? En quoi est-il intéressant? Autre que la mise en oeuvre des lois complexifiant de plus en plus des lois très élémentaires et insignifiantes. Les nuages, c'est un peu de vapeur d'eau. Une fois formés ils se disposent et se colorent dans le ciel de manière à nous donner le spectacle merveilleux des levers et de couchers de soleil mais ce n'est qu'un peu de vapeur d'eau. Y a-t-il des secrets et est-il des êtres qui détiennent des secrets, des connaissances inconnues des nommes. et pourrait-on les amener à nous révéler ces secrets?- La possibilité d'habitants dans les astres, d'êtres intelligents, avec la possibilité d'entrer en relation avec eux.

L'intellect. — Certains pensent que l'intellect ayant terminé le tour qu'il a fait de lui-même, ne peut plus utilement parcourir encore une fois son cercle qu'il vient de fermer.

Antinomie et vanité. — Les insolubles antinomies : Ainsi la lutte millénaire entre la force et la raison et la nécessité pour chacun d'opter. L'évolution, le progrès, l'organisation et la loi physique de la dégradation, de la destruction finale, la loi de l'Entropie. La philosophie de Nietzsche, qui ne croit á aucun absolu, n'est pas un systéme d'idées, mais un systéme de points de vue fait de juxtaposition et d'opposition de tableaux. Nietzsche a été le précurseur de la psychoanalyse. La diversité de sa pensée resulte non d'un manque de conséquence, mais d'une succession voulue des points de vue et des éclairages différents. Son œuvre posthume, considérable, fait connaître ce perspectivisme

La Foi. — Suivant les hommes, la foi ils la mettront en Boudha ou en Jésus et l'Evangile, en Mahomet et le Coran, en la Révolution et ses immortels principes, en Karl Marx et le manifeste Communiste, aujourd'hui Lénine et les Soviets.

Théses. Hypothéses. — La thése chrétienne: Dieu, la création, les anges, le drame cosmique, suivi du drame humain de la chute e de la rëdemption. Les cycles cosmiques de 9 miliards d'années, d'aprés les traditions asiatiques, selon la spirale, la seule courbe qui réponde aux trois conditions: progression, action, réaction. L'hypothése de réincarnations successives. L'hypothése physique de l'expandion de l'univers: l'oeug primitif, les rayons cosmiques, la terre cendre d'une cendre.

Conciliation des thèses. — La conciliation des theses idéalistes et matérialistes peut se produire : 1. 1es premières (celles des Chrétiens, des Théosophes) qu'il y a lieu de travailler à améliorer les choses ici bas au lieu de voir dans les difficultés de la vie précieuse occasion à mérites; 2e les secondes (positivistes, monistes) qu'il y a lieu d intervenir pour orienter 1'homme et sa civili— sation vers une finalité spirîtualiste.

Attitudes. — II en est deux fondamentales: a) ou bien tout ce désordre n'est que Y avant-coureur d'une trans- formation nouvelle de l'humanité, une mutation, une métamorphose. Et alors il ne faut pas l.a regretter. Un proche demain compensera les déficiences d'aujour- d'hui, b) Ou bien toute cette infériorité intellectuelle et morale sera définitive, ira même en croissant Et alors, arrivés au temps déjà avancé de leur vie, les idéalistes ont à ne pas répudier leur bel idéal, à s'admettre les derniers idéalistes et à mourir en beauté I La morale biologique doit-elle conclure à l'acceptation, à la résignation (Epictète, Marc-Aurèle, Vigny, dans une certaine mesure le Christ) ? Ou la réaction orga- nisée scientifiquement doit-elle être la réponse de plus en plus triomphante de l'homme à la nature ? Ou s'in- cliner devant ce qui est ; » O monde, je veux ce que tu veux !» (Marc Aurèle). Ou d'un effort gigantesque, œuvrer à faire que le monde veuille ce que nous voulons?

Espoir d'un système. — Les divers systèmes de phi- losophie ont surgi l'un après l'autre de divers états de conscience. Des états troublés de la conscience de notre temps, en quête d'explication et de généralisation, naîtra quelque nouveau système.

Système. — Entre le dogmatisme qui affirme et le matérialisme qui nie, ii y a une position objective, celle qui admet qu'après la mort, il existe un monde inconnu, sur lequel on ne sait rien.

Autre système. — Il n'y aurait rien de surnaturel, tout serait naturel Mais il y aurait de l'inaccessible à l'hom- me, de r actuellement au-dessus des forces humaines; mais non pas de l'înaccessibilité par nature de l'homme ou par nature de la chose. Et l'homme cependant aurait en lui des possibilités ' psychiques merveilleuses, encore bien mal connues, notamment la possibilité d accjuenr de la force psychique par purification de corps et d'esprit.

L'ÉPOPÉE HUMAINE.

Modifier tes êtres humains pour résoudre les énigmes. — L'énigme ultime de l'univers (pourquoi tout cela est-il, pourquoi eat-il comme c'est), cette énigme appelle, pousse et dirige aujourd'hui des hommes de plus en plus. nombreux; elle les pousse, les appelle, les dirige à résoudre, à porter tous leurs efforts s.ur les sciences et la philosophie. Les méthodes spéculatives étant impuissan- tes, des expériences nouvelles sont nées. Et celles modi- fiant 1 être humain lui-même, lui permettront de conce- voir d'autres relations entre lui et les choses et ainsi d'approfondir et d'enrichir sa notion de l'être. Ainsi la vie épique et aventureuse de l'homme et de l'humanité vers «le jamais vu» et «l'inouï», conduit à une connaissance plus approchée du mot de l'énigme. Que n'avaient été explorés, et ai des enfants en jouant avec des verres n'avaient suggéré leurs lentilles et leurs télescopes à Huygens et à Galilée.

LA VIE ET LA LUTTE.

« La vie est simple, parce que la lutte est simple. Le bon lutteur recule, il ne s'abandonne point; il fléchit, il ne renonce pas. Si l'impossible se lève devant lui, il se détourne et va plus loin. Si le souffle lui manque, il se repose et attend- S'il est mis horB de combat, il encourage ses frères de sa parole et de sa présence. Et quand bien même tout croule autour de lui, le désespoir ne pénètre pas en lui. » La vie est solidaire parce que la lutte est solidaire. De la victoire dépendent d'autres victoires dont je ne saurai jamais les heures ni les circonstances et ma défaite en entraîne d'autres, dont les conséquences vont se per- dre dans l'abîme des responsabilités cachées. L'homme qui était devant moi a atteint, vers le soir, le lieu d'où je suis parti ce matin et celui qui vient derrière profitera du péril que j'écarte ou des embûches que je signale. » La vie est belle parce que la lutte est belle : non pas ta lutte ensanglantée, fruit de la tyrannie et des pas- sions mauvaises, celle qu'entretiennent l'ignorance et la routine, mais la sainte lutte des âmes cherchant la vérité, la lumière et la justice. » (Pierre de Coubertin.)

LA GRANDEUR.

Quand rien de ce qui est généreux ne vous fut étranger, quand nulle parole de cristal prononcée á travers les siècles ne tombe sur votre cœur sans y fleurir en corolle inhnies, quand l'être tout entier ne fut qu'une seul aspiration à s'élever et s'élever toujours dans un senti ment plus exaltant de soi-même, vers le plus haut déve loppement humain, à envahir toujours davantage dan la pensée et dans la connaissance, dans le bien et dan le beau, dans le rêve et dans l'action, à prendre tou ce qui émerge par le monde et par l'histoire pour le ressusciter dans sa propre destinée devenue un exempl et un signe; quand ce fut votre folie de tous les jours et de toutes les minutes, votre vautour rongeur et votre place fidèle de chercher à dépasser et les autres et soi- même... (Montherlant.)

L'AVENTURE HUMAINE.

Quelque bien réfléchie, prévue, soit 1 action humaine, elle ne peut échapper au hasard; quelque désirables soient l'organisation et la stabilité de certains éléments fondamentaux, elles ne sauraient être fin en soi. La vie est primordiale, continue, et amplifier la vie, c'est le destin de l'homme, c'est celui de l'humanité. Il n'y a nulle part d'identité; il n'existe que des a à peu près» identiques, des moyennes habituelles. Mais il y a un inhabituel, le phénomène qui dépasse l écart moyen de la moyenne. Il existe et il faut se rendre compte qu'il existe. (Ch." Richet.) Toute l'histoire est là pour nous avertir de ce qu'aurait été petit et mesquin le cours des choses si, à chaque moment il ne s'était trouvé, soit des rencontres de hasard pour mettre sur le chemin des possibilités nouvelles, soit des inventions et des idées géniales pour ouvrir des voies nouvelles, soit des hommes aventureux, travaillés par 1 incompressible besoin de risquer, de se lancer dans l'impossible, de tenter dea chances réduites au minimum. riasard, invention et aventure sont ainsi parmi les fac- teurs les plus importants de l'évolution humaine et à leur seuil vient échouer la tentative d'organiser et de prévoir intégralement. Peut-être nest-îl pas exagéré de dire qu'ils constituent ce qu'il y a de plus profondément «humain». C'est pourquoi il est nécessaire et désirable de leur maintenir un rôle, de leur faire une place, de compter avec eux, pour le renouvellement des choses et l'ascen- sion, toujours plus haut, vers laquelle appelle la Destinée.

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