413.13 Inventions à faire

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Les inventions ne sont pas dues exclusivement aux inventeurs. Les usagers des inventions peuvent utilement agir sur leur production en faisant connaître ce qu’ils désireraient voir inventer. Un problème bien posé est à moitié résolu, dit l’adage. Cette moitié revient en tâche notamment aux organisations internationales qui rendent service à tous leurs membres en concentrant chacune en une liste permanente, revisée et tenue à jour, les principaux desiderata proposés à l’attention des inventeurs.Assistance au lecteur et au chercheur. — Le Bibliothécaire, en tous temps, prêtera assistance au lecteur, surtout au lecteur inexpérimenté. Afin d’être le plus utile, il s’efforcera de bien connaître l’état intellectuel et les besoins du milieu où la bibliothèque est placée. Une distinction sera faite entre l’assistance intellectuelle et l’assistance morale. La première consiste à aider le lecteur à mieux se diriger vers ce qu’il cherche réellement. La seconde tend à se substituer à lui dans sa direction morale et à l’influencer dans un certain sens. — Le personnel des bibliothèques publiques donnera sa pleine assistance intellectuelle, technique, mais s’abstiendra de toute assistance morale qui pourrait porter ombrage à la liberté de conscience du lecteur ou transformer la bibliothèque en auxiliaire de propagande politique, philosophique ou religieuse. Une bibliothèque publique doit être essentiellement une institution impartiale et neutre.

Il n’est question ci-après que des inventions désirées dans le domaine de la Bibliographie et de la Documentation. L’invention est la mise en œuvre de l’imagination créatrice guidée par les principes scientifiques. Elle peut porter soit sur une machine ou appareil, sur un dispositif, sur une méthode ou sur un mode d’organisation et de coopération.

1. Impression. — Un procédé pour impressionner les feuilles de papier en masse sans avoir à les déployer et à les passer sous la presse. (Suggestion : impression au rayon X de papier coupé à dimension et disposé en tas.)

2. Clichés. — Moyen économique et rapide de produire les clichés à insérer dans les textes imprimés. (Suggestion : s’inspirer de ce qui a été fait pour la musique où la continuité de la portée de ses notes a été réalisée au moyen d’éléments distincts. Une « police » de ligne courbes et brisées, de surfaces polygonales et circulaires, unités élémentaires de tout diagrammes, figures, dessins simplifiés qui pourraient être composés à la main.)

3. Photographie. — a) Un papier sensible (photographie) bon marché permettant sans grandes dépenses la reproduction des textes et des images extraits des livres et documents (une substance moins coûteuse que l’argent). b) Un appareil de poche permettant de photographier instantanément et économiquement tout passage ou image d’un livre à consulter dans une bibliothèque ou en lecture sur la table de travail. c) Un moyen de fixer sur papier transparent les photographies projetées en grand afin d’obtenir ainsi un cliché ou calque pouvant servir à la multiplication héliographique.

4. Écriture. — a) Combiner un stylet avec des crayons de plusieurs couleurs et la gomme à effacer. b) Intensifier la rapidité d’écriture à l’aide des machines. (Suggestion : écrire des mots entiers, voire des phrases. Voie ouverte par la machine de l’inventeur C. C. Bolston.)

5. Lecture. — Imaginer une machine, un dispositif ou une méthode permettant d’accroître la rapidité soit de la lecture ou soit de la prise de connaissance du contenu d’un texte, d’un livre, d’un document quelconque.

6. Machines à sélectionner (machines à statistiquer). — Possibilités avec les machines à sélectionner dites machines à statistiquer (Hollerith, Power) de rechercher les possibilités suivantes : a) Se servir de simple papier. (Suggestion : on pourrait réserver au bas de chaque lettre, feuille de correspondance, rapport, note, relevé quelconque, un emplacement réservé au cadre de perforation. Par suite les documente originaires pourraient servir eux-mêmes à réaliser mécaniquement toutes les opérations de classement et de récupération ultérieure.) b) Disposer au moins de la possibilité d’écrire lisiblement à la main sur la fiche toutes les indications caractéristiques utiles. c) Avoir à sa disposition une centaine de colonnes de chiffres afin de pouvoir multiplier les caractéristiques. d) Pouvoir sélectionner, parmi un ensemble de fiches diverses, celles qui portent un numéro individuel particulier et obtenir mécaniquement leur mise en ordre selon la série progressive des numéros.

7. Écriture et lecture directe. — Transformation mécanique de la parole en écriture lisible et inversement de l’écriture en parole. (Suggestion : se baser sur une écriture phonétique, photographie d’une part, gramophone d’autre part. Transformer les inscriptions sur les disques en lettres et les lettres en sons.)

8. Télélecture. — Comme application particulière de la télévision. 1° Donner des textes en lecture à distance. 2° Permettre à chacun par un dispositif approprié de prendre connaissance à distance de textes publiquement exposés à cet effet. 3° Permettre la vision à distance des textes de livres disposés sur les rayons d’une bibliothèque ou des feuilles réunies en dossiers dans les classeurs. (Service : accroître ainsi la diffusion des collections des Bibliothèques et des Offices de documentation.)

9. Téléscription. — Comme application particulière de la télémécanique, réaliser la possibilité : a) d’écrire facilement à distance ; b) d’ajouter à distance des inscriptions à des textes existants ; c) d’opérer ces inscriptions sans déplacer les textes des livres ou des classeurs. (Suggestion : le téléphotographe ; le téléphonographe Zoller qui permet à tout téléphoneur d’écrire en chiffres à distance le message destiné à son correspondant qui ne répond pas).

10. Mobilier. — a) Améliorer la table de travail quant à la possibilité d’accès et de classement des documents y déposés et de l’agencement avec elle des machines et instruments auxiliaires du travail intellectuel. (Suggestion : la table de travail avec position du travailleur au centre même.) b) Établir une table de travail à surfaces à écrire multiples, sur lesquelles puissent être étalés, séparément et distinctement, les éléments nécessaires à différents travaux en cours, sans avoir à déplacer et reclasser ces éléments chaque fois qu’un travail est momentanément interrompu pour procéder à un autre. (Suggestion : la table de travail en forme de roue dont les rayons soient faits de tablettes articulées et mouvantes à volonté. Une telle table a été réalisée au XVIIIe siècle.) c) Faciliter le double mouvement de classement et de consultation des documents au moyen d’un classeur de grande capacité toujours ouvert, à la portée de la main et des yeux, mobile sur rail (droit ou circulaire et actionné à l’électricité).

11. Atelier de travail intellectuel. — a) Relier les uns aux autres en une série continue les divers appareils déjà inventés pour le travail de bureau. b) Coordonner entr’eux les appareils au point de vue des formats, de la réduction des espaces, de la combinaison de diverses machines en une seule, du synchronisme opérateur de plusieurs machines.

12. Cabinet de travail. — Coordonner, en les simplifiant, les complétant en accroissant leur efficacité, les différents éléments (mobilier, appareils et accessoires) constituant le cabinet de travail (bureau, studio) d’un travailleur intellectuel.

13. Machine à traduire.

Une méthode nouvelle est possible pour la traduction instantanée et simultanée en plusieurs langues des discours dans les assemblées et les congrès internationaux.

Le développement normal des Réunions Internationales rend urgente la solution du problème des langues. En attendant la généralisation de l’esperanto, force est de recourir à des traducteurs. Mais que de perte de temps, quel ennui aussi pour les membres d’un congrès que la traduction en deux, souvent en trois langues de tous les discours et interventions. Nous proposons une méthode nouvelle : à mesure que parle l’orateur, les traducteurs, au lieu de résumer oralement les paroles entendues, feraient le résumé analytique par écrit sur des bandes de papier qui seraient immédiatement projetées sur un écran. Le dispositif est simple. Derrière le bureau de assemblée, ou de la tribune des orateurs, est placée une toile blanche dans un encadrement avec le recul nécessaire pour la projection en pleine lumière (méthode connue). Les traducteurs sont assis devant le bureau en tel nombre qu’il est désiré avoir de traductions en langues différentes. Chacun est installé à son écritoire sur lequel se déroule automatiquement une bande de papier transparent ou de celluloïde et cela à une vitesse qu’il peut régler selon qu’il est nécessaire pour suivre la parole. Les bandes passent immédiatement dans la lanterne qui les projettent sur la toile. Le texte peut venir s’y accumuler en plusieurs lignes en disposant à cet effet de plusieurs lanternes ou d’une. Il y aurait autant d’écrans que de langues traduites. Le télautographe peut venir en aide. L’appareil Ici décrit est utilisable aussi pour les professeurs et conférenciers et destiné alors à remplacer l’écriture ou le dessin au tableau noir.


Traité de documentation